Dans la savane africaine, lions et hyènes sont souvent considérés comme des ennemis jurés. En dépit de cette rivalité, on observe rarement les lions se nourrir de hyènes. Pour comprendre ce phénomène, il est nécessaire d’examiner leur comportement, leurs habitudes alimentaires et leur mode de vie.
Des régimes alimentaires différents mais complémentaires
Les lions et les hyènes sont tous deux des carnivores, cependant, leurs régimes alimentaires diffèrent légèrement. Les lions étant au sommet de la chaîne alimentaire, ils chassent généralement de grands mammifères herbivores tels que les antilopes, les zèbres et les buffles. Les hyènes, quant à elles, ont un régime plus varié, se nourrissant aussi bien de charognes que de petits animaux ou d’insectes.
Cette différence de régime alimentaire permet aux deux espèces de coexister sur un même territoire sans trop de confrontation directe pour la nourriture. Les hyènes profitent souvent des restes abandonnés par les lions après leurs repas, et les lions n’hésitent pas à voler un repas aux hyènes si l’occasion se présente.
Un équilibre précaire entre compétition et tolérance
Cependant, les confrontations entre lions et hyènes ne sont pas rares. Lorsque les ressources alimentaires se font plus rares, ces animaux peuvent entrer en compétition directe pour un territoire de chasse ou une proie. Les rencontres entre ces deux prédateurs donnent généralement lieu à des affrontements violents, où chacun cherche à intimider l’autre et à le pousser à abandonner.
Ces confrontations peuvent également survenir lorsqu’une meute de hyènes pénètre sur le territoire d’un clan de lions. Bien que moins puissantes individuellement, les hyènes ont l’avantage du nombre et peuvent dérober des proies aux lions grâce à leur stratégie de groupe.
L’odeur repoussante des hyènes : un facteur dissuasif pour les lions
Un autre aspect qui peut expliquer pourquoi les lions ne mangent pas les hyènes concerne leurs caractéristiques physiologiques. En effet, les hyènes possèdent des glandes anales qui sécrètent une substance nauséabonde utilisée pour marquer leur territoire et communiquer avec les autres membres de leur clan.
Cette odeur désagréable est susceptible de rendre la viande de hyène peu appétissante pour les lions. Ainsi, même s’ils parviennent à tuer une hyène lors d’une confrontation, les lions auront tendance à laisser le cadavre sur place plutôt que de le consommer.
Des parasites indésirables
De plus, les hyènes étant souvent charognardes, elles peuvent être porteuses de nombreux parasites tels que des vers intestinaux, des protozoaires ou des bactéries pathogènes. Ces parasites peuvent se transmettre aux lions s’ils consomment de la viande de hyène infectée et provoquer des maladies potentiellement mortelles.
Ainsi, le fait de ne pas consommer de la viande de hyène pourrait être également une stratégie pour éviter une contamination parasitaire.
Une répartition différente des ressources entre mâles et femelles
Dans un clan de lions, les mâles dominants bénéficient d’un accès prioritaire à la nourriture et aux partenaires sexuels. Les femelles sont souvent celles qui chassent pour nourrir leur groupe, tandis que les mâles assurent la protection du territoire et de la progéniture.
Chez les hyènes, l’organisation sociale est assez différente. Le clan est dirigé par une hyène matriarcale, et les femelles sont généralement plus grosses et plus agressives que les mâles. Elles ont donc un rôle plus important dans la défense du territoire et la recherche de nourriture.
Les opportunités de prédation sur les hyènes sont limitées
Il en résulte que les occasions pour les lions de prédater sur les hyènes sont assez rares. Les femelles hyènes étant plus fortes et résistantes, elles sont moins susceptibles d’être considérées comme des proies faciles pour les lions. De leur côté, les mâles hyènes sont souvent plus prudents et évitent les confrontations avec des prédateurs plus puissants.
En somme, si les lions ne mangent pas les hyènes, c’est en partie parce que l’équilibre précaire entre compétition et tolérance entre ces deux espèces permet de limiter les conflits directs. Les raisons de cette cohabitation conflictuelle incluent également des différences de régime alimentaire, des caractéristiques physiologiques et comportementales dissuasives ainsi qu’un partage différent des ressources entre mâles et femelles.